mardi 20. novembre 2018
Bon, on va pas se mentir, ça risque d'être violent. C'est un article écrit avec le cœur, l'émotionnel et mes dix doigts. J'invite donc les âmes sensibles, les carnistes convaincus, les chasseurs, pathologiques ou non, à quitter de toute urgence cette page et continuer leur lobotomie sur Rothschild-magazine, le Massacreur-Français ou McDonald France. Vous l'aurez compris, l'auteur est à son troisième café, le sujet est palpablement critique, et risque d'y avoir de la casse, mais le message est trop important.
Ma famille et mes amis proches savent que ma mère, que je salue bien fort au passage, est une sorte de mère Theresa animalière. La petite maison de mon enfance et son grand jardin lui ont permis d'accueillir, et tenté de soigner, bon nombres de petits animaux déchiquetés, à vif, éclatés de l’intérieur, exprimant leurs souffrances par des cris perçants ou un silence transperçant. Que ce soit clair, c'était un carnage. Beaucoup (trop) sont morts dans mes bras, comme dans les siens. De ce constat, j'ai eu très tôt conscience d'une réalité: Les animaux sont des êtres, au minimum, sensibles; et ce que notre société psychotique infligeait à ces êtres sensibles était une bien triste conséquence et une injustice flagrante, j'en ai été témoin quotidiennement.
Plus jeune j'avais atteint le summum de l'alimentation: perpétuellement fourré chez le clown à grandes frites en cartons et burgers dégoulinants, pour m'aventurer, tenter, tester les derniers menus à la mode. Dans un décor un peu moins loungo-sixtieso-cosy, mais beaucoup plus exotique, j'usais à tour de bras les cartes de fidélité au kebab du coin. Et, venant l'été, je me précipitais chez le boucher pour faire le plein de merguez-saucisses-brochettes afin de préparer le barbecue du week-end, sans aucunement me poser de question. Toutes ces petites habitudes contribuaient à soigner, comme tout le monde, mon léger surplus pondéral qui commençait à gentillement prendre sa place. Bref, tout se passait au petits oignons, comme dirait mon maraiché.
C'est durant une journée estivale du mois de juin 2011, alors que, comme tout pro de la glandouille qui se respecte, je traînais sur youtube, je tombai par hasard sur une vidéo de Gary YOUROFSKY. Ce fut un choc. Une déflagration qui, au fur et à mesure de son discours, ébranla un à un les piliers de mes illusions dont la convention sociétale m'avait bercée. Ces convictions venaient d'être nettoyées au karcher, pour me révéler, me rappeler, me rebrancher à ce que, au plus profond de moi, j'avais toujours su: La consommation de viande est une folie pure. Sa production est un génocide organisé. Homo-sapiens a enfanté une gigantesque industrie de la mort, une structure qui broie les corps, saigne les sans-défense et éclate les boites crâniennes, froidement, à la chaîne, d'êtres vivants terrorisés, qui crient leur désespoir, pleurent leur espoir d'être sauvé, et qui ne souhaitent qu'une seule chose, VIVRE. Cette révélation agit comme une évidence, une fulgurance, une fulminance, une partie de moi qui avait arrêtée de se mentir et venait de retrouver son vrai chemin.
Dès ce jour, j'ai cessé de manger des animaux, et devenu, à l'age de 29 ans, ovo-lacto-végétarien. Et ce, durant un peu plus de six ans. Puis, au fil du temps, ma conscience m'a fait comprendre que le végétarisme n'était qu'une transition. Le 21 décembre 2017, après avoir pété quelques peurs, je devenais végétalien.
Là, clairement, je venais de franchir la ligne rouge. Très rapidement des proches, des "amis", des membres de ma famille se sont improvisés psychologue, nutritionniste, philosophe spécialiste de l'éthique et droit animal, pour m'expliquer que, mon entrée dans la secte des gobeurs de B12 me rangerait automatiquement, gentillement, systématiquement dans les jolies petites cases de potentiel extrémiste en puissance, de carencé incompétent, de casse-couille de service ou d'utopiste ultra-perché. Bien sur, c'était pas tout mon entourage, il y avait, heureusement, des personnes avec un minimum d'ouverture d'esprit et de bienveillance pour comprendre humainement ma démarche. C'était pas binaire, mais à l'annonce de mon végétalisme j'ai pu distinguer deux types de comportements: soit, immédiatement, on tentait de prendre mon engagement en défaut afin de clairement le décrédibiliser; soit, instantanément, on s'interressait en me demandant pourquoi, comment, etc.
C'est vrai qu'il y a eu des moments magiques. Des soupers mouvementés avec des membres de ma famille. Convié pour une raclette, où j'annonçais calmement mon végétalisme, qui fut accueilli avec autant de mansuétude qu'une éventuelle séropositivité, un coming-out ou un vote pour François Bayrou.
Alors que le lendemain, au self, pendant que je m'installai à la table de mes confréres de formation, ma voisine attendait mon arrivée pour me lancer: "regarde, je mange comme toi aujourd'hui". Cette adepte de la junk food, venait de totalement végétaliser son plateau repas, spontanément, par pure commisération et ouverture d'esprit. Elle qui, quelques jours auparavant, m'avait subtilement questionné sur mon engagement.
De même, à chaque sortie pour le déjeuner, le petit noyau de collègues était extrêmement soucieux du choix du restaurant, afin que, comme eux, je jouisse d'un repas digne de ce nom. Nos convictions sur le sujet étaient certes différentes, mais par égard, durant les repas, ils se préoccupaient de savoir si tout me convenait, et ne tentèrent jamais de puériles blagues lourdingues sur mon mode alimentaire. Ils restèrent constamment dans la compréhension, la bienveillance et le respect.
Et, comment ne pas parler de ce surprenant aveu, d'un très bon ami qui, durant un trajet en voiture à 2h du matin, me confia l'arrêt de sa consommation de viande suite aux vidéos d’abattoirs dévoilés par L214. Par simple compassion. Compassion pour des êtres vivants qui, bien souvent, ont été élevés dans des conditions dignes d'un enfer vivant, pour être ensuite poussés et entassés de manière tout aussi affreuses dans un camion. Compassion pour la peur, le stress et l'angoisse qu'ils ressentent, qu'ils crient, qu'ils interieurisent alors qu'ils arrivent dans une pièce couverte de sang de leurs semblables, avec des cadavres de semblables gisant et spasmant d'une vie fraîchement et horriblement arrachée. Compassion pour ces animaux sans aucune défense et méchanceté, projetés dans un lieu où aucune échappatoire n'est possible. Compassion pour cet animal terrorisé à qui un bourreau va lui trancher la gorge, où il verra sa vie s'écouler, impuissant, à chaque giclé de sang, se débattant en vain et sentant son cœur lutter, puis perdre connaissance et sa vie. Une vie qui n'a rien d'une vie. En adoptant les similis à son alimentation, mon ami, cet ex-viandard, venait de faire un fuck majestueux à cette industrie de la mort.
Ces petits gestes sont des pépites, de si rares souffles de bonté, des attentions qui font chaud au cœur. Je voulais juste, ici, rendre hommage à leurs auteurs.
Reprenons ensemble quelques points. Cette liste sera bien sûr non-exhaustive. L'idée est d’énumérer quelques arguments les plus souvent débattus durant ma première année de végétalisme. En écartant volontairement les impacts positifs d'un régime végétalien sur la santé et sur l'environnement, car, en plus d'être convenus, ils sont, à mes yeux, les conséquences de notre bénignité envers le régne animal. Accrochez-vous à ce que vous pouvez, ça va allumer sévère:
"Quoi ?! Toi aussi t'es devenu un Vegan-Antispéciste-Extremiste ?!" Comment dire... Un antispéciste-extremiste c'est un oxymore, ça n'existe pas. L'antispécisme ne reconnait aucune supériorité entre un animal humain et non-humain. Il en découle que ce courant philosophique et moral défend la liberté, le libre arbitre et le droit de vivre pour l'ensemble de ces êtres (humains ou non-humains). A ce titre, au moment même où un antispéciste nuirait physiquement et de manière déterminé à un individu, il cesserait, immédiatement, d'être antispéciste. Idem pour l'éventuel terme de "terroriste-antispéciste", il ne peut exister. Les vegan-antispécistes défendent la vie, pas le mort.
Ce qui pourrait semblé excessif dans le comportement des antispécistes, serait des propos de révolte et quelques improductifs dégats MATERIELS. En réalité, ces réactions sont le reflet de l'injustice qui les rongent, d'être les témoins impuissants d'une babylonienne industrie (élevage-abattage-conditionnement) d'un génocide infini.
"Tu comprends, les tablettes de chocolat vegans sont ecoeurantes et over-patteuses, et puis les crêpes au lait d'amande ont un goût digne d'un parpaing de chez Lafarge." Bon, le lait animal semble être l'horizon indépassable. #BravoLeVeau. Comment faire prendre conscience que, cet éphémère plaisir gustatif ne pourra jamais justifier les insondables souffrances qu'il engendre? Et, avant d'en arrivé à cette conclusion, ne faut-il pas prendre en compte les évidentes différences de goût et de texture des laits végétaux et animaux ? On peut faire d'aussi bonnes crêpes et chocolats avec les laits végétaux, tout est une question de recettes, de produits et de tests. Rappelons, au passage, que le Bocuse d'or 2017 était 100% végétal, et que la prochaine coupe du monde de Patisserie sera sur les thémes: veganisme et écologie. Pour ma part, je reste sur le chocolat noir à 85% de chez Rapunzel que je trouve très bon. Et, je penses qu'il faut un minimum d'ouverture d'esprit et d'acceptation au changement.
"Houlah, c'est très dangereux, pour les muscles et pour ton intellect" Bien sûr, alors on va pas parler de Franck Medrano, Lewis Hamilton, Carl Lewis, Mike Tyson, et ne parlons pas non-plus d'Edward Witten, Yuvah Noah Hariri, Aurélien Barrau, Léonard de Vinci, Pythagore, Albert Einstein, et j'arrête ici car la liste est encore longue.
"Faut arrêter, on a toujours mangé de la viande. Et puis, si ta lubie à la mode était si naturelle, pourquoi tu prends des compléments?!" Peut-on encore définir comme effet de mode, un courant morale qui a pris racine il y a plus de 2600ans de ça?! Ensuite, pour l'hubris du #touchepasàmonsteack, souvenons-nous que notre espéce a longtemps bégayé sur de nombreuses traditions et autres habitudes culturelles, qui ont engendré des guerres, de l'esclavage, des sacrifices humains, etc...
Enfin, la vitamine B12 est la seule complémentation nécessaire aux végétaliens, je ne vais pas ici réinventer la roue, tout est clairement expliqué sur le site de référence Vive la B12. Greg Tabibian postula que le véganisme pouvait sembler à une forme de transhumanisme (en référence à la B12). Même si je ne suis pas fan de ce terme, car ingérer directement la B12 sans passer par le prisme d'un animal n'est, à mes yeux, pas une forme d'exosomatisation, je dois reconnaître que ce brillant gnostique et analyste avait capté le background, la racine, l'idée sous-jacente en décrivant la possible prochaine évolution de notre espèce. Tout comme, il y a des milliers d'années, pour les révolutions cognitives et agricoles, notre civilisation s'extraira de la matrice carniste, et retrouvera l'harmonie avec la nature et le vivant.
"Attends, tu vas pas comparer les humains aux animaux, quand même!" ppfff... j'avoue, j'ai toujours eu un peu de mal avec cette frontière mentale. Penser que d'être doté d'aires cérébrales du langage (verbal) symbolique ferait de nous des êtres au dessus de la mêlée est une douce illusion, un enfumage par un fin jeu d'égo spéciste. Que vous l'acceptiez ou non, les animaux non-hominidés sont, eux aussi, doués d'une conscience, dixit la récente conclusion d'un consortium d'éminents neuroscientifiques qui se sont sérieusement penchés sur le sujet. De plus, on sait que certains mammifères atteignent le degrés 3 du système intentionnel de Daniel Denett.
J’exagère ?! Bon, alors je n'aborderai pas la dernière étude de l'INRA sur le sujet (organisme qui, vous en conviendrez, n'est pas vraiment un modéle d'exégèse pro-véganisme) qui a relevé des capacités d'émotions, de maitrise du temps, de métacognition et de comportements sociaux chez les mammifères et oiseaux. Bref, l'intelligence animale semble bien plus fine et complexe que ce dont on a toujours voulu nous faire croire. La réalité latente serait que notre civilisation a toujours eu du mal à intégrer les différences (cf. extermination des amérindiens, traites négrières, homosexualité, ...).
Vous l'aurez compris, l'objectif ici, à travers ces oscillations d'argumentaires et de 3615-MaLife, fut de vous décrire aux mieux mes convictions les plus profondes, de vous partager cette partie de moi qui plaira ou non. Cette voie irréversible fait partie de mon chemin, et je n'ai pas à la nier.
En même temps que je devenais végétalien, j'intégrais une association antispéciste œuvrant pour la défense de la cause animale. Ma prochaine étape, à laquelle je m'affaire, est, vous vous en doutez, de devenir Vegan. Je n'ai pas encore tout à fait atteint ce palier pour quelques petites raisons logistiques retores, qui se solutionneront avec le temps.
Mon but ne sera jamais d'imposer quoique ce soit à personne. Je suis uniquement un terrien qui applique SA vérité la plus juste pour SON expérience de vie. Toutefois, je me dois d'apporter tout mon retour d'expérience à tout futur-végé qui le souhaite. Mais aussi, mettre en lumière les dissonances cognitives, wishful thinking, et autres aberrations dont mes camarades monocéphale-bipédiques se sont dotés pour se mentir à eux-mêmes. Mon seul espoir est que mon espéce acquière la sagesse nécessaire à son éveil pour stopper cette folie, et que s'arrête cet inutile massacre...
... POUR EUX