Les années 80 virent ma naissance sous un ciel hivernal, lovée dans les bras d'une Loire qui me vit grandir. Sidoine fut le nom qui me fut donné, un héritage singulier, à l’image du chemin qui s’ouvrait à moi. Je suis de cette génération qui a grandi entre l’écran froid des machines et l’étreinte immémoriale des forêts. Là où la culture pop façonnait les imaginaires, tandis que la nature, elle, sculptait les âmes.
Parcours et Conscience
Les lignes de mon existence se sont tracées dans les laboratoires, où la biologie s’érigeait en fil conducteur. De l’analyse médicale aux laboratoires pharmaceutiques, j’y ai vu l’obsession du contrôle et du quantifiable, l'arrogance d’une humanité persuadée de disséquer le vivant pour mieux le comprendre. Mais il m’a fallu lever les yeux au-delà des microscopes pour percevoir ce que la science refuse souvent d’admettre : l’invisible, le subtil, l’impalpable.
Très tôt, j’ai été confronté aux territoires de la conscience élargie. Rêves lucides, OBE, expériences psychédéliques, incursions dans des états que la rationalité s’acharne à ignorer. Le hasard n’existe pas. Mon chemin fut de réconcilier ces deux mondes, de les superposer plutôt que de les opposer. Car là où la matière s’arrête, commence l’esprit. Et là où l’esprit s’éparpille, il a besoin de la rigueur du réel.
Car la conscience est la clef. Elle est ce qui manque à une époque qui s’effondre sous le poids de son cynisme et de son nihilisme marchand. À l’aube du XXIe siècle, alors que l’homme croit toucher du doigt l’immortalité à coup de silicium et d’algorithmes, il n’a jamais été aussi déconnecté du fondamental. Rabelais le disait : Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Malraux prophétisait que ce siècle serait spirituel ou ne serait pas. Ce siècle est en train de mourir. Peut-être n’a-t-il jamais été vivant.
L'Acte et la Transmission
L’écriture est ma respiration. Elle est le terrain où la pensée prend corps, où les idées s’entrechoquent et s’affinent. Elle est un acte de résistance, une nécessité vitale. À ses côtés, la création visuelle est une autre langue que j’explore : de la modélisation 3D à l’impression, du dessin à la photographie, elle permet de capter le monde sous un autre prisme. Membre du FabLab Robert-Houdin durant plusieurs années, j’y ai trouvé cette alchimie précieuse où l’entraide et l’invention se confondent.
Le Vivant comme Combat
L'époque est aux ruines. Le vivant est une ligne rouge que l’on franchit sans état d’âme. Des milliards d’êtres massacrés, des forêts consumées, des océans réduits à des dépotoirs. Une société qui s’abreuve du sang de ce qu’elle extermine, qui broie, qui détruit, qui exploite, sans jamais s’interroger sur l’évidence : combien de temps cela peut-il encore durer ? Il faudrait être sourd pour ne pas entendre l’agonie du vivant. Être aveugle pour ne pas voir ce qui s’écroule sous nos yeux.
Dans ce désastre, certains refusent de détourner le regard.
Depuis plus d’une décennie, j’ai fait le choix d’un mode de vie qui refuse d’alimenter cette destruction. Végétarien dès 2011, végétalien en 2017, chaque assiette, chaque geste, chaque engagement est un refus d’être complice. L’anti-spécisme n’est pas une idéologie, c’est une évidence. Car l’homme ne vaut pas plus qu’un loup ou qu’un cerf. Il est un élément parmi d’autres, non le centre. Ceux qui se croient maîtres sont les premiers à tomber.
Et pourtant, face à la catastrophe, je refuse la résignation. Il existe encore une possibilité de renversement. Mais elle ne viendra ni des institutions, ni des élites, ni d’un quelconque miracle. Elle naîtra d’une refonte totale de nos structures, de nos manières de produire, d’échanger, de décider. Revenu de base inconditionnel, démocratie directe, monnaie libre, fin des abominations perpétrées contre le règne animal, végétal… tout reste à reconstruire. Ce combat est celui de notre siècle. Il est peut-être perdu d’avance. Mais il mérite d’être mené.