Les Connexions au Vivant

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Cet article est la copie d'un retour d'expérience initialement rédigé sur le forum Astral-Spirit. Il sera ici question, de mes premiers rêves lucides. Un saut dans les strates paralléles, abyssales et magiques.

Sur le terrain de camping, les tentes et les caravanes poussaient comme des champignons. Une croissance exponentielle de populaces, d'allemands fraîchement en vacances, que je constatais au fur et à mesure de mes séances running sur les bords de Loire. Dès ce début de juin estival, j'entamais un congé forcé de trois mois badigeonné de soleil et ciel bleu. Un collègue m'avait demandé de l'assister pour une formation. Chose commune quand le nombre de stagiaires est important, histoire de confort pédagogique. C'est donc après avoir effectué l'un de ces joggings abondants en vitamine D, que je me lança dans les préparatifs. D'abord ma caisse pédagogique, et mes supports. Enfin, arrivé le soir, au moment de confectionner mon dîner, je Tupperwarisais quelques victuailles pour le lendemain. Le plongeon dans les bras de Morphée n'a pas trop traîné.

Du néant roupillionesque, une émergence inhabituelle me jette dans une réalité surréaliste. Panique à bord. Pour deux raisons: D'un, la surprise du simple fait de la projection elle-même, que je n'avais encore jamais vécu, me semblait déconcertante et singulière. Ensuite, le monde dans lequel j'immergeais. Devant moi, alors que je flottais dans le vide, une gigantesque grille s'étendait à l'infini. C'était une sphère, si vaste que sa courbure paraissait minime. Concave, d'où j'étais extérieur à celle-ci. De ses grandes mailles, d'une géométrie parfaite, jaillissait un panel de couleurs plus splendides les unes que les autres. A la seconde même d'avoir été propulsé dans cette scène hallucinante, ma première volonté fut de me précipiter à fuir, non par peur, mais par réflexe creux. C'est durant cette décision, que je pris conscience que cette mécanique ne cherchait nullement de nuire à ma survie, et que j'étais parfaitement éveillé (facultés de décision, etc.) dans ce rêve. Revenant, il était stupéfiant de contempler cette grille. En voulant diriger mes mains vers ces arcs-en-ciel, je constata que mes membres supérieurs semblaient beaucoup plus grossiers, gris et immatériels. Le plus fascinant fut de sentir, avec une certitude inébranlable, que cette démentielle sphère était douée d'une conscience. Une conscience colossale, proportionnelle à sa grandeur. Partout, il n'y avait que cette matrice, rien d'autre, à part moi pour l'observer. Cette solitude n'était pas dérangeante, même plutôt cool, calme et safe. Alors que je communiais avec cette entité, mes bras toujours en sa direction, une sensation de devoir "passer à autre chose" s'installa dans notre relation. Instantanément j'étais aspiré par le néant. Next.

Autre scène. Beaucoup plus familière. Le temps semble plutôt nuageux. En plein milieu d'une prairie montagneuse, où je me tenais debout, un corps inanimé gisait sur l'herbe, aux cotés d'une pierre plus importante que les autres. Pourquoi je scotchais sur ce banal minéral qui ne devait pas dépasser 25 cm de hauteur? Je ne sais pas, il y avait un truc. Quoi? Impossible de savoir. Mais, en revanche que la tête du gars soit séparé de son corps, pas de problème. Et que, accessoirement, je ressente cet individu comme étant un "moi", ne m'inquiète pas plus que ça, par contre cette pierre... D'un coup, sortant de nulle part, un gros serpent s'est pointé. Je l'ai rejoins, et tentas de discuter avec lui, avant de me prendre un vent monumental. Il était plus que déterminé. Se rapprochant du corps avec la vitesse d'un TER, il commença à se glisser, par la carotide gauche, dans la tête. Je m'époumonais à lui ordonner d'arrêter, mais rien n'y faisait, comme je l'ai déjà dit, il était deter'. Puis, je me souvins que j'avais le pouvoir de faire ce que je voulais dans ce rêve, alors je décidais de l'agripper, le retenir fermement. C'était dingue, rien ne semblait plus inefficace. Comme si toute ma force n'avait aucun impacte sur lui. Certain diront qu'il était déterminé. Au bout d'un moment, je me posais et tentas de comprendre. J'abandonnai la lutte, et accepta l'expérience. Le serpent disparu, le corps revint en un seul morceau, et la personne (cet autre moi) ouvrit les yeux. A ce moment, je me réveillais dans mon lit.

Café, douche, bus. L'ambiance de la formation était bonne. Mon intervention était bénévole, donc moins restrictif, plus détendu. Depuis mon lever, j'avais comme une fluidité supplémentaire, alors que je maintenais l'attention de mon auditoire, intérieurement, je planais à quinze milles. De plus, je débordais, très inhabituellement, d'énergie, un vrai EPR sur pattes. En parallèle de mon déroulé pédagogique, dans ma tête, je psychanalysais à outrance tous les éléments de mon Rêve Lucide (RL), les symboles évidents et leurs messages sous-jacents. Intérieurement, je bouillais d'une fierté démesurée d'avoir exploré pour la première fois ce nouveau monde. J'aurais voulu le hurler sur tous les toits. La formation se conclut. Les stagiaires repartirent. Mon collègue m'accompagna à la gare routière avant de me remercier chaleureusement. Dans le bus, tournaient en boucle les moindres détails de mon aventure onirique, ils m'obnubilaient. Il existe pléthore de feedback d'expériences sous hallucinogènes mentionnant la rencontre avec une telle grille, ou fractales similaires. En épluchant, compulsivement, les vidéos et articles traitant de rêves lucides, je découvre, qu'en temps normal, cette pratique nécessite un conditionnement rigoureux (K. me permit de chuinter cette étape?). Mais, une fois arrivé, tout était possible, on devenait modeleur de ce monde.

Une semaine jour pour jour, après mon passage dans le monde du serpent et de la grille, je retombais dans un RL. Une scène plus que familière, la rue que j'emprunte régulièrement pour rentrer chez moi. Aux seules différences notables, qu'aucun véhicule ne circulait, qu'il n'y avait aucun humanoïde ou animal présent, une réalité déserte, comme dans les villes abandonnées du far west. Mais, le plus délirant, fut les couleurs. Ce monde était coloré de manière beaucoup, mais beaucoup, plus forte, vibrante et vivante qu'à l'habitude. Faisant, presque, passé la réalité diurne, pour morose et fade. Imaginez ma joie de me retrouver conscient dans ce monde rien qu'à moi. J'allais pouvoir jouer en modifiant l'existent, créer des entités à foison pour intégrer des parts inexplorées de mon Ics, pour résumer, ça va être la fête! Problème. Dans toutes les informations retenues sur le sujet, je n'avais pas cherché comment changer les choses. Au final, j'étais perdu dans une réalité où j'étais seul, sans savoir quoi faire. Histoire de passer le temps, j'essayais de me brancher sur mon corps (celui alité), impossible, je le sentais existant, mais inaccessible. En forçant, la dissociation faillit me faire péter un boulon, j'ai lâché l'affaire. Ne me restant que cette possibilité, je marchais, à contempler tous les subtilités, bluffantes, de mon environnement. Puis, je fermais les yeux pour me réveiller. Avec les mêmes stigmates: boost, fluidité, un kiff d'avoir exploré ce continent peu emprunté.

Quelques mois plus tard, je débarquais de nouveau dans un RL similaire au précédent. Un endroit identique au réel, mais étincelant de couleurs vives et hautement agréables. J'étais planté en plein milieu d'une voie sans issue qui se terminée par un grand rond point carré, situé dans les fins fonds d'un lotissement étendu. Et, par un petit chemin, on peut accéder à la rue de mon dernier RL. Il doit certainement y avoir un truc dans le coin. Et, comme le précédent RL, les rues étaient désertes. En fait, cette place je la connais trop bien, dans la réalité cette place, durant mon adolescence, était un spot que nous squattions avec un ami pour parler, imaginer, créer de nouvelles geekeries. Aujourd'hui, dans ce rond point, ce n'est plus qu'une simple étendue d'herbe laissé à l'abandon, mais à l'époque, c'était entretenu, il y avait de gros arbres et quelques bancs. Dans le RL, tout est comme à l'époque. Rien que ça, avec ces couleurs, c'est un plaisir monstre de retrouver ce lieu intacte. Après, la contemplation, je me décidais, vu que j'étais conscient, à profiter de mon RL. Problème: Quoi faire? Syndrome de la page blanche. Aucune idée ne me vient. Alors, je décidais de courir. Pour m'équiper, j'ai regardé mes jambes, regardant ailleurs, en pensant fort à mes baskets, mon short, puis je regardais de nouveau mes guibolles. Ça a marché du premier coups, c'est dingue je voyais la partie inférieure de mon corps pareillement que, quand je fais mon jogging dans la réalité. Ni une ni deux, je commençais à courir. C'est idiot, mais je trouvais ça génial (je sais il ne me faut pas grand chose). La différence, c'etait l'impression de courir sur presque rien, du coton, contrairement au vrai bitume qui renvoi, à chaque appui, sa solidité. Je décidais de fermer les yeux, mais au lieu d'atterrir dans une autre scène, je me réveillais, le sourire au lèvre.