Les incarnations ont leurs mystères. Les années 80 virent ma naissance, entre un hiver ligérien et une époque qui croyait encore au progrès, où Sidoine fût le prénom qui m'a été confié, comme un héritage singulier. D'une enfance tiraillée entre l'écran froid des machines, la pop culture et l'étreinte immémoriale des forêts, très tôt, dans le vacarme de notre monde saturé, j'ai compris que cette chimère ne tiendrait pas longtemps debout. Ni nos promesses de progrès, ni l'illusion de notre présupposée Humanité.
Armé d'un savoir en Biologie, j’ai travaillé dans les laboratoires, où l'on ausculte, mesurent, classifient. De là, j'ai compris que le savoir, privé de conscience, peut devenir un instrument de déshumanisation. Qu'on peut décortiquer sans comprendre. Soigner sans écouter. Produire sans respecter.
Parallèlement, j'ai exploré les champs infinis du subtile: Rêves lucides, OBE, expériences psychédéliques et incursions dans des états que la rationalité s'acharne à ignorer. Non pour fuir le réel, mais pour l'élargir. Car la conscience est la clef. Elle est ce qui manque à une époque qui s’effondre sous le poids de son cynisme et de son nihilisme marchand.
Ce site emergea de cette tension, de cette nécessité à superposer ces deux mondes plutôt que de les opposer. Car là où la matière s’arrête, commence l’esprit. Et là où l’esprit s’éparpille, il a besoin de la rigueur du réel.
Ici, l'écriture est ma respiration, une thérapie, un espace pour déposer ce que je ne peux taire. Des pensées, des colères et des intuitions, où la science dialogue avec la spiritualité, où l’intime devient politique, où la sensibilité est une force.
Dès lors, ce lieu d’expression résonne aussi comme un plaidoyer.
Pour le vivant, qui n’a pas de défense face à notre folie. Pas d’avocat face aux bulldozers, aux pipelines, aux cages d’élevage intensif, aux mers devenues décharges. Alors je parle pour lui, avec mon cœur et les seules armes que l’écriture m’a données.
Contre ce monstre froid que l’on ose encore appeler société, alors qu’il n’est plus qu’un appareil de mort programmé, je me dresse face à lui et sa nature: une mécanique de broiement, des corps, des âmes, des forêts.
Je crois encore possible, même à contre-courant, même vainement, une reconstruction. Inventer des formes de vie plus justes, plus ancrées, plus attentives.
Écrire est un devoir. Un acte politique. Un refus de la résignation.